[Forum Blue Cluster] Le potentiel des micro-organismes marins

Publié le 18/01/2018 | Emballage

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Organisé par le Pôle Mer Bretagne Atlantique et la Technopole Quimper-Cornouaille, le forum Blue Cluster a mis en exergue le potentiel de valorisation des micro-organismes marins, que sont les micro-algues, bactéries, champignons…, sur les marchés de l’alimentation, de la cosmétique, des biomatériaux et de la bioénergie. Les tables rondes ont traité des avancées réglementaires, des réponses aux besoins des industriels et des verrous à lever pour passer à une production industrielle.

En matière d’ingrédients naturels, les besoins divergent, selon le type de marchés. Plusieurs intervenants, représentant ensemble un bel échantillon de la chaîne des micro-organismes marins en ont témoigné :

Polymères, emballages : la réglementation favorise le développement de nouveaux produits

S’agissant de produits issus de matières naturelles et marines,  la réglementation est, a priori, favorable au développement des bioressources marines (dont les micro-organismes), estime Polymaris. Ces micro-organismes sont « vendeurs », dans nombre de secteurs, par opposition à la chimie classique synthétique. Toutefois, le coût, souvent trop élevé, est un frein à leur développement. Et, il faut pouvoir garantir une qualité irréprochable de la matière première, une traçabilité et une sécurité propres au domaine d’application ! C’est pourquoi, Polymaris travaille à des projets de recherche, qui, s’ils ne sont pas aujourd’hui applicables à l’industrie, pourraient le devenir grâce à des évolutions de la réglementation qui obligeraient à les adopter ! Pour Nautix, également, c’est la réglementation qui pousse à évoluer, sur un marché qui est encore loin de faire une priorité des intrants naturels. La priorité est donnée à l’efficacité et au rapport qualité/prix…

L’IRDL (Institut de recherche Dupuy de Lôme de l’UBO/UBS) confirme que les travaux de recherche permettraient de produire tous les plastiques de manière vertueuse, si les marchés le supportaient financièrement. Mais, aujourd’hui, les développements industriels ne portent que sur les niches à plus forte valeur ajoutée. Il cite l’exemple du marché du PHA (polyhydroxyalcanoates ou biopolymères) en impression 3D, dont les tarifs sont prohibitifs. Néanmoins, considérant que beaucoup de plastiques sont ou vont être interdits, la législation va obliger l’industrie à trouver des alternatives…

A la question d’un conchyliculteur, qui s’interroge sur la possibilité de « manger » les emballages, l’IRDL confirme que cela est déjà possible, en laboratoire. Mais ce qui doit questionner est surtout la durée de vie des emballages et le fait qu’ils soient « sans contaminants », car, ainsi que le souligne la société Pierre Fabre Dermo-Cosmétique, il en restera toujours… L’IRDL souligne l’importance de proportionner la durée de vie de l’emballage à la durée de vie du produit, l’idée étant d’élaborer des polymères, selon la durée d’utilisation. Car trop d’emballages ont des durées de vie trop longues ! La biodégradation devra désormais être proportionnelle à l’usage. Rachel Portal-Sellin (Technopole Quimper-Cornouaille/Pôle Mer Bretagne Atlantique) souligne que le packaging a désormais pris le virage du bio-sourcé !

Aliment et cosmétique : image et réglementations limitantes

Dans d’autres domaines, la réglementation peut, au contraire, être un frein, comme exprimé par Greensea, qui rappelle que le débouché impacte sur le sourcing et qui appelle de ses vœux que la réglementation libère la prise de risque ! En effet, à ce jour, seules trois micro-algues sont autorisées à l’ingestion. Or, à titre d’exemple, il existe, aujourd’hui un système de détection précoce des caries, grâce à des pigments d’algues, mais qui n’en font pas partie !

Côté cosmétique, la mer est un argument marketing fort du fait de sa connotation « beauté » et « sauvage », pour la société Pierre Fabre. En revanche, les algues elles-mêmes sont synonymes de dépôts sur les plages, donc moins vendeuses… Et la réglementation en chimie en limite beaucoup l’utilisation. C’est le cas, par exemple, du marché chinois, important en termes de chiffre d’affaires, mais dont la réglementation oblige à se cantonner à « d’anciennes » souches. De surcroît, si, en termes de bienfaits, les plantes ont une bonne image, ça n’est pas le cas des algues. Alors qu’il existe tout autant des plantes toxiques que d’algues toxiques. Pour faire évoluer acceptabilité et image, un travail a été lancé au sein du Pôle Mer Bretagne Atlantique, sur cette question !

Plus d’informations auprès de Rachel Portal-Sellin Technopole Quimper-Cornouaille/Pôle Mer Bretagne Atlantique rachel.sellin@tech-quimper.fr

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